Armement létal de la police municipale à Angers : une décision précipitée, non concertée et électoraliste
- AESangers

- 27 juin
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Lors du conseil municipal du 30 juin 2025, la majorité municipale va adopter une délibération visant à doter individuellement l’ensemble des agents de la police municipale d’armes de poing. Le groupe Demain Angers s’oppose à cette décision et votera contre.
Nous considérons que cette décision est précipitée, non concertée et électoraliste. De plus, elle ne répond pas aux enjeux réels de sécurité publique à Angers.
Une décision prise sans débat, à quelques mois des élections
Cette décision s’appuie sur une demande formulée par un syndicat professionnel à l’été 2024. Depuis, aucune discussion de fond n’a eu lieu avec les habitants, les associations de terrain, les professionnels de la prévention, ni même avec les agents municipaux dans leur diversité.Le maire avait promis un débat public. Il n’a pas eu lieu. Une réunion d’une heure avec l’opposition et une consultation interne du service concerné ne peuvent se substituer à une véritable concertation démocratique sur un sujet aussi important.
Un changement de cap silencieux mais inquiétant
Après les tasers, les LBD, les caméras piétons, l’arme de poing symbolise une rupture : celle d’une police de proximité qui devient progressivement une police d’intervention.
Ce glissement soulève une question essentielle : quel type de lien voulons-nous entre la police municipale et la population ? Nous croyons à une présence humaine, visible, de proximité, non menaçante.
Nous sommes particulièrement attentifs aux craintes exprimées par les associations de quartier, les structures sociales, les habitants les plus vulnérables. Pour eux, l’armement de la police municipale peut renforcer un sentiment d’insécurité institutionnelle, plutôt que d’apaisement.
Une réponse idéologique à un problème mal posé
Oui, certains faits de délinquance augmentent, notamment la délinquance économique et financière, les agressions sexuelles et les violences intrafamiliales. Mais ce sont des situations qui ne relèvent pas d’une intervention armée de la police municipale.
Voter cette délibération aujourd’hui, c’est faire le choix d’une réponse spectaculaire à des enjeux complexes. C’est éviter de s’interroger sur les véritables causes de l’insécurité, sur la désagrégation du lien social, sur le recul des moyens alloués à la prévention.
Car, dans le même temps :
La médiation de nuit a été supprimée,
La prévention spécialisée reste sous-dotée,
Les agents éducatifs, les structures d’animation et les maisons de quartier sont peu impliqués dans cette réflexion.
Remplacer la prévention par l’armement, c’est faire un pari risqué sur la dissuasion, en lieu et place d’un travail patient de présence, d’écoute, de dialogue.
Une réflexion nationale imminente que cette décision ignore
Le gouvernement a annoncé un projet de loi sur les polices municipales, qui sera débattu dès septembre 2025. Il vise justement à clarifier les rôles entre police nationale et police municipale, à mieux structurer la répartition des compétences.
Prendre une décision aussi engageante localement, sans attendre ce débat national, nous semble précipitée. D’autant plus à quelques mois d’un renouvellement municipal.
Cette décision locale risque, en outre, d'affaiblir le plaidoyer pour un renforcement de la police nationale, en donnant à croire que les collectivités peuvent - et doivent - pallier seules les carences de l'État.
Notre position
Nous, élu·es du groupe Demain Angers, refusons cette orientation :
Parce qu’elle modifie profondément les missions de la police municipale sans débat public,
Parce qu’elle ne répond pas aux données objectives de sécurité à Angers,
Parce qu’elle fait l’impasse sur les solutions durables : prévention, éducation, médiation, présence sociale.
Parce qu’elle laisse croire que l’armement municipal peut compenser le manque de moyens de la police nationale et freine les revendications en faveur de son renforcement.
Nous avons organisé un forum citoyen sur la sécurité en mai dernier. Les témoignages recueillis sont riches, nuancés, porteurs de pistes concrètes.
Nous appelons à prolonger ce travail par un débat public, associant tous les acteurs : citoyens, professionnels, chercheurs, policiers, éducateurs.
Nous voterons donc contre cette délibération, car elle engage l’avenir de la ville sans débat, et sans réponse sérieuse aux vrais défis de la sécurité.
Nous défendons une autre voie : une sécurité humaine, préventive, concertée, fondée sur la confiance et non sur la peur.
Silvia CAMARA-TOMBINI, Yves AUREGAN, Claire SCHWEITZER, Rachel CAPRON, Bruno GOUA, Anthony GUIDAULT, Marielle HAMARD, Sonia PORTENGUEN, Elsa RICHARD, Céline VERON



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